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Web-to-Print: Quelle solution? Quelles compétences? Quels critères? …

3 juillet 2020

Lors de la semaine Web-to-Print INKISH, Morten B. Reitoft, Rédacteur en chef de INKISH m’a posé les questions que tout imprimeur se pose lorsqu’il envisage de se lancer dans un projet Web-to-Print.

Voici mes réponses :

Morten B. Reitotf : Quels sont les aspects les plus importants à prendre en considération lorsqu’on envisage de se lancer dans un projet Web-to-Print ?

Yves d’Aviau de Ternay : Je dirais tout d’abord que l’aspect le plus important à prendre en considération lorsque l’on commence un projet voire un business model Web-to-Print est le CLIENT. Je vois trop d’imprimeurs qui abordent un tel projet principalement pour espérer « remplir » leurs machines. C’est pour moi, une erreur à ne pas commettre : aborder le projet comme un projet  « imprimeur » est une erreur, ce projet doit être avant tout être un projet orienté « Client » avec l’idée que la solution Web-to-Print réponde aux besoins de celui-ci, mais aussi et peut-être surtout à ses problèmes de délais, d’alignement de sa marque, de co-création, etc.  

Un autre aspect important est le time-to-market. Le monde va de plus en plus vite, de nombreux acteurs arrivent sur ce marché du Web-to-print, et même si la pandémie du covid-19 a bousculé certaines annonces et l’arrivée de certains acteurs sur ce marché, il faut être conscient que beaucoup profiteront de nouvelles opportunités alors, et ce notamment dans l’e-commerce, il est essentiel de ne pas louper le train…

Morten : Quel est votre avis, est-il plus intéressant de développer en interne ou investir dans une solution Web-to-Print disponible sur le marché ? Trouvez-vous que les solutions les plus coûteuses sont TOUJOURS les meilleures ?

Yves : Lorsque l’on me pose la question: « Faut-il développer en interne ou investir dans une solution sur étagère ? », seule l’imprimeur selon moi, peut et doit répondre à cette question. Il n’y a pas de réponse unique ou dite autrement, il y a autant de réponses qu’il y a d’imprimeurs. On peut donner toutefois quelques conseils.

La réponse dépendra tout d’abord des choix et du positionnement stratégiques que l’imprimeur souhaitera atteindre avec sa solution dans les 2 ou 3 prochaines années (et non plus dans les 5 prochaines années tant ce marché est devenu hyperconcurrentiel). Souhaite-t-il s’adresser au marché B2C ou au marché B2B (ou plus précisément au marché B2ALL ou B2Client, voir mon dernier article sur ce sujet). 

Si une imprimerie souhaite se lancer dans un projet Web2print, elle doit bien comprendre que contrairement à la plupart des sites e-commerces, il ne s’agit pas de vendre un produit généralement stocké dans un entrepôt et de l’expédier au client une fois sa commande reçue. La grande difficulté dans un tel projet est que généralement en Web-to-Print, la commande est imprimée et fabriquée à la réception du paiement de la commande en B2C ou de la validation de la commande en B2B.

Lorsque l’on parle de Web-to-Print, on parle bien sûr comme tout autre site e-commerce de processus d’achat et de facturation électronique, mais surtout de traitement, de configuration, de personnalisation, de validation de fichier et c’est là que le problème commence.

Les éditeurs ou intégrateurs de solutions Web2Print sur étagère proposent aujourd’hui des solutions de plus en plus sophistiquées capables de répondre à la majorité des cas et des demandes des imprimeurs qui souhaitent créer leur boutique en ligne. L’imprimeur souscrit généralement à une option d’abonnement par mois et en fonction de son option, l’éditeur lui donne accès à un nombre de fonctionnalités lui permettant de démarrer très rapidement son projet. Les avantages pour un imprimeur de choisir une solution sur étagère sont alors nombreux : il connait dès le début le budget alloué à son projet, il a une vision très claire du périmètre fonctionnel de la solution, de la grille de fonctionnalités qu’il a acheté comme par exemple un éditeur en ligne, une solution de preflight, de paiement, etc., et surtout, il maîtrise son time-to-market. Les principaux inconvénients sont un peu le revers de la médaille de la simplicité de commander une solution sur étagère, le fait de commander une solution un tant soit peu « standard » avec des choix de technologies que vous ne maîtrisez pas. Le risque sera sans doute, notamment sur le marché B2C, la difficulté de se différencier de ses confrères qui auraient retenu la même solution W2P sur étagère, ce qui est moins grave en B2B. Un autre point à évoquer lorsque l’on parle du marché B2C et de solutions sur étagère sera la difficulté pour certaines à maîtriser le référencement, le fameux SEO ce qui risque par la suite d’entrainer de mauvaises surprises à l’imprimeur notamment en termes de coûts d’acquisition client.

Coté développement qu’il soit interne ou réalisé par une agence de développement très souvent à partir d’un CMS comme Prestashop ou Magento, le principal avantage sera bien entendu le fait de construire une solution sur mesure, proche de l’idée attendue et souhaitée par l’entrepreneur ou l’imprimeur et donc sur un marché B2C d’avoir plus de chance de se différencier de la concurrence. Un autre avantage sera de pouvoir l’adapter parfaitement à l’infrastructure informatique de l’entreprise. Généralement dans ce type de développement, l’imprimeur bénéficiera des technologies les plus modernes, très souvent open source avec des communautés de développeurs très actifs qui mettent beaucoup de ressources à disposition. Mais, contrairement à une solution sur étagère, lorsque l’on parle de budget à allouer, la réponse est beaucoup plus floue. Car même si vous établissez un cahier des charges, par expérience et notamment lorsqu’il s’agit de Web-to-print, la complexité des développements est souvent sous-estimée par les développeurs et les coûts peuvent très vite monter en flèche. Un autre inconvénient majeur concerne le time-to-market possible en faisant ce choix : on sait quand on commence, mais très rarement quand la solution sera prête à être mise en ligne, c’est un point à ne pas négliger.

Ainsi, pour donner mon avis, je dirai que notamment pour un projet W2P orienté B2B, si l’entreprise n’a pas de compétence en développement en interne alors elle aura tout intérêt à s’orienter vers une solution sur étagère en faisant toutefois attention que la solution retenue puisse facilement s’interfacer avec les systèmes d’information de ses clients et si possible avec la structure informatique de l’entreprise. Pour un pour projet W2P orienté B2C, je dirais que tout dépend tout d’abord de la maturité en matière d’expérience e-commerce et digital marketing de l’imprimerie. Si l’imprimerie débute dans ce domaine, elle a tout intérêt à commencer avec une solution sur étagère et ainsi à acquérir de l’expérience notamment dans la création de fiche produit, d’un catalogue, le référencement et la vente en ligne puis par la suite envisager un développement en interne ou via une agence de de développement pour passer à l’étape suivante.

Morten : Quelle importance doit-on accorder à un support fourni dans la langue locale lors de l’évaluation d’une solution W2P mais aussi pour la suite ?

Yves : En France, la prestation d’un support en Français était jusqu’à présent une condition sinéquanone à la fois pour les imprimeurs, mais aussi pour toutes les PME manufacturières françaises en général. Beaucoup d’imprimeurs qui font le choix d’une solution sur étagère attendront encore très probablement un support en français, car bien souvent le paramétrage et autre besoin spécifique seront remis à un salarié de l’imprimerie qui ne vient pas forcément du monde IT.

Mais, il ne faut pas oublier les nombreuses startups ou autres entrepreneurs qui s’attaquent également à ce marché, des acteurs beaucoup moins exigeants et moins fermés à recevoir un support dans une autre langue si la solution répond à la cible visée.

Morten : Comment un imprimeur doit-il évaluer un fournisseur – à court / à long terme?

Yves : Cette question est très importante, car l’imprimerie isolée d’aujourd’hui laisse de plus en plus la place à une communauté d’entreprises, des réseaux d’entreprises des industries graphiques, mais aussi d’entreprises d’autres secteurs, chacune focalisée sur ce qu’elle sait faire de mieux pour répondre aux attentes de plus en plus individualisées des clients et aux nouvelles stratégies notamment la personnalisation de masse. C’est pourquoi les imprimeurs aujourd’hui qui rencontrent le succès, sont ceux qui ont bien compris qu’un partenariat avec les meilleurs spécialistes du marché est la meilleure solution. On remarque une attention de plus grande des imprimeries en ligne à investir dans des partenariats à plus longs termes avec des fournisseurs leur permettant de mettre en place des business models innovants. Je vous invite à regarder toutes ses nouvelles plateformes Fabless (Raksul par exemple) qui apparaissent qui justement ne doivent leur valeur que sur la qualité de leurs partenariats avec leurs fournisseurs. 

Morten : Avez-vous une idée des ressources humaines / informatiques qu’une petite / moyenne imprimerie devrait allouer pour maintenir et développer une présence en ligne ?

Yves : La ou les réponses à cette question seront bien entendu fonction du choix de l’imprimeur soit d’opter pour une solution sur étagère, soit de développer en interne ou dans une agence de développement une solution W2P. Si l’imprimeur choisit une solution sur étagère, les principales compétences qu’il devra acquérir seront principalement des  compétences de paramétrage, d’apprentissage de l’outil sur étagère qu’il aura choisi, sachant que les questions de codage informatique, d’infrastructure, d’hébergement seront de la responsabilité de l’éditeur ou de l’intégrateur.   

À l’inverse si l’imprimeur fait le choix de développer une solution en interne, il devra acquérir des compétences en développement, en conduite de projet, en codage, mais aussi en intégration, en informatique industrielle notamment avec les flux prépresse de l’imprimerie. C’est un point à ne pas négliger, car ces compétences sont pointues et très souvent difficiles à trouver pour répondre parfaitement à toutes les problématiques que ce type de projet comprend. Ainsi les ressources en IT seront fonction de la stratégie e-business et de la stratégie numérique retenues par l’imprimeur.

Morten : Pensez-vous que toutes les imprimeries doivent avoir une solution Web-to-Print ?

Yves : Je ne pense pas qu’un imprimeur doit obligatoirement investir dans une solution Web-to-Print. Rappelons que le métier premier d’un imprimeur est d’imprimer et pas forcément de faire du e-commerce ou de développer des solutions W2P.

Ce qui me semble toutefois important à mette en avant aujourd’hui est que les imprimeurs soient connectés soient à l’aide de leur propre plateforme W2P ou à d’autres plateformes W2P ou autres places de marché. La place des plateformes devient année après année de plus en plus prépondérante, importante, voire incontournable, dans l’acquisition de commandes et ces plateformes exigent et exigeront de plus en plus des automatisations, des organisations, des processus industriels adaptés, en juste à temps…

Les imprimeries de demain devront devenir des usines connectées 4.0 pour relever les défis de plus en plus exigeants en termes de coûts, de délais, et qualité que ces plateformes ou plus précisément que les clients finaux exigeront des produits vendus par ces plateformes.

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